Comment aider les journalistes et professionnels des médias camerounais à mieux disséminer les informations météorologiques ? Telle était en toile de fond, la raison d’être de l’atelier de renforcement des capacités des médias sur les techniques de diffusion des prévisions saisonnières tenu du 19 au 20 mars 2025 à Douala. L’évènement placé sous la houlette du Ministère des Transports (MINT) via la Direction de la Météorologie Nationale (DMN) a été organisé avec l’appui technique de l’ACMAD et le soutien financier de l’Union Africaine à travers le programme ClimSA.
Sommaire :
Pour ce coup d’éssai, c’est une vingtaine de journalistes et animateurs qui ont répondu présents à l’appel du Comité d’Organisation de cet atelier notamment des professionnels des radios urbaines de Yaoundé et Douala, des radios communautaires de Bafoussam ou encore de Garoua, de trois chaines de télévisions de Yaoundé et de Douala , une presse écrite mais aussi deux médias en ligne. Comme critère de sélection, leur engagement volontaire dans la diffusion régulière sur leurs antennes ou dans leurs colones, des bulletins météorologiques émis par la DMN. Partant du fait que ces professionnels de la communication ne sont pas des experts de la météorologie , il était question, pour les Organisateurs, au-delà de la concurrence qui caractérise l’univers des médias , d’identifier et de mettre en place des mécanismes à même d’assurer dans les jours à venir, la diffusion efficace de l’information météorologique au sein des masses populaires et de l’opinion publique. Actions d’information et de sensibilisationqui par ricochet devraient améliorer de façon significative la résilience des camerounais face aux haffres des phénomènes climatiques extrêmes.
Ces échanges avec la presse qui se sont déroulés à l’Hotel Prince de Galles au quartier Akwa, avaient pour point d’orgue des travaux en atelier durant lesquels les participants répartis en deux groupes , ont pu mettre en pratique les connaissances acquises en terme d’interpretation d’un bulletin météorologique. Mais bien avant cela, ils ont assisté à différents exposés allant tous dans le sens de l’amélioration de leur connaissances sur la météorologie dans l’ensemble. À cet effet, l’intervention de MELIE TIOMELA SERENA, Ingénieur des Travaux, Chef du Service de Centralisation et de Transmission des Données Météorologiques à la DMN a particulièrement retenu l’attention. Elle a présenté de façon synoptique la DMN , ses missions, son organisation , ses actions sur le terrain mais aussi ses difficultés sur les plans techniques, administratifs et financiers.
On retiendra aussi de son exposé que la DMN produit et diffuse à l’attention du Grand public, plusieurs types de bulletins à savoir le bulletin de prévisions numériques du temps, le bulletin météorologique multirisque, le bulletin de prévision météo-marine côtière, le bulletin climatique décadaire, le bulletin climatique mensuel, le bulletin de statistiques pluviométriques mensuelles, le bulletin agrométéorologique décadaire, le bulletin d’ assistance météorologique à l’élevage, le bulletin climat -santé, le bulletin décadaire climat et eau et le bulletin de prévision saisonnière.
LE RÔLE DES MEDIAS DANS LA DIFFUSION DE L’INFORMATION CLIMATIQUE
Autre intervention qui a cristalisée l’attention, celle de PAPA ALASSANE MBAYE de AGRHYMET (CCR-AOS), Expert en Communication, qui portait sur le rôle des médias dans la diffusion de l’information climatique. Il a rappelé que la météo a besoin de visibilité pour remplir efficacement ses missions de sensibilisation mais aussi que les médias sont les acteurs clés de la diffusion de tous types d’information et par conséquent, des informations météorologiques et climatiques. En temps qu’ intermédiaires entre les experts et les populations, leurs connaissances doivent donc être actualisées régulièrement et leur langage adapté au public cible.
Et c’est dans cette perspective que les intervenants suivants vont entretenir les participants. M. BONGKIYUNG EMMANUEL Chef de Service de la Climatologie et de la Banque des Données à la DMN va prendre la parole pour expliquer les concepts clés en matiere de prévisions météorologiques . Il a insisté pour faire comprendre aux journalistes présents la différence par exemple entre le climat (ce que nous attendons) et le temps ( ce que nous observons). Parlant du débat entretenu au sein de l’opinion publique sur l’exactitude réelle ou supposée des prévisions métèorologiques M. BONGKIYUNG EMMANUEL va rappeler au passage que la météorologie est une science dynamique et évolutive. Le journaliste doit donc savoir que la nature peut changer à tout moment et tenir compte de ces variabilités pour mieux édifier les utilisateurs finaux .
M. AMBESI HANS NDONWI Chef Service des Prévisions Météorologiques à la DMN dans son intervention va grandement revenir sur l’interpretation des couleurs sur les bulletins météorologiques. A ce sujet, parlant du niveau de sévérité des aletertes, la couleur verte signifie “tres bas”, la jaune, ” bas”, l’orange “moyen” et la rouge ” élevé”.
UN PARTENARIAT GAGNANT-GAGNANT ENTRE LA DMN ET LA PRESSE
À l’issue des échanges à la fin de ces présentations deux grands constats se sont dégagés : (I) les informations météorologiques ne servent à rien si à la base les utilisateurs finaux ne s’en servent pas (II) les médias sont des patenaires essentiels de la dissémination de l’information météorologique mais cependant, la communication a un coût et les organes de presse ont des charges à supporter. D’où l’urgence de trouver l’équilibre entre les deux parties dans un partenariat gagnant-gagnant.
Pour réussir ce challenge il va falloir au préalable poursuivre et renforcer la formation des journalistes sur les questions climatiques et ensuite développer des partenariats entre les médias et la DMN pour le cas échéant. D’autres ateliers comme celui-ci sont donc à envisager. De plus, le langage des journalistes et communicants de la météo devra être harmonisé , simplifié et accessible aux consommateurs finaux. Les Responsables de la DMN devront également organiser des conférences de presse pour les situations d’urgence et promouvoir l’accès de leurs partenaires des médias aux données climatiques en open source et produire des tableaux des impacts pour une meilleure sensibilisation.
Au chapitre des doléances les journalistes attendent de la DMN, des stratégies pour la mise en place des mécanismes d’appui ou de financement de la communication météorologique . Il serait également judicieux pour elle de trouver les moyens pour acheter des espaces dans les médias afin que ceux-ci aient un intérêt à développer et péreniser ce partenariat . La production des prévisions personnalisées par Régions et localités permettrait aux Radios Communautaires de tirer à leur niveau, leur épingle du jeu. Les médias basés dans les zones rurales ont également exprimées le besoin de la mise à disposition des experts et communicants de la DMN pour l’animation de leurs plateaux.
Cet atelier était présidé par M. TCHINDA TAZO SIMPLICE, Directeur de la Météoroligie Nationale, Représentant Personnel du Ministre des Transports, avec à ses côtés M. JOLY WASAMBO Représentant de la Commission de l’Union Africaine et M. KANGA ALPHONSE, Représentant de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale . Des parchemins ont été remis aux participants à la fin des travaux.
REACTIONS :
PAPA ALASSANE MBAYE – EXPERT EN COMMUNICATION – AGRHYMET ( CCR-AOS) – INTERVENANT
“Pour atteindre le public cible il faut forcément avoir des journalistes à ses côtés “
Ce qu’il fallait comprendre c”est qu’on est face à une situation , on a beaucoup d’aléas climatiques qui s’abattent sur les populations et sur nos activités économiques. Et face à cela, il y a les services météorologiques qui visent à beaucoup partager ce qu’il produisent. Mais pour atteindre le public cible il faut forcément avoir des journalistes à ses côtés.Donc l’objectif c’était de montrer aux participants l’importance des journalistes, le rôle en matière d’éducation ,en matière de sensibilisation en matière de partage d’information pour le bien-être de nos populations mais également pour une bonne continuité de nos différences secteurs économiques tels que l’agriculture, la santé, les infrastructures ou encore le pastoralisme.Tous ces secteurs là ont besoin de l’apport des journalistes pour être plus résilients par rapport aux aléas climatiques.
ESTHER CHRISTELLE MODI MBOG – INGÉNIEUR DE LA MÉTÉOROLOGIE – POINT FOCAL MÉDIAS AU SEIN DE LA DMN – MEMBRE DU COMITÉ D’ORGANISATION
“Nous allons accompagner les journalistes dans leur boulot et eux aussi se sont engagés à nous aider dans cette diffusion “
j’ai un sentiment de satisfaction parce que les médias que nous avons invité ont tous répondu présents et même d’autres qui ont été interpellé seulement quelques jours avant ont également répondu présents , ont même été très actifs et ont posé leurs problèmes clairement ….C’est comme une base qui a été mise pour l’avenir entre la Direction de la Météorologie Nationale et les médias qui s’engagent à porter secours aux populations… L’ objectif était que les médias aient une meilleure compréhension des produits pour une meilleure diffusion des prévisions d’une part et voir comment est-ce que nous pouvons améliorer la collaboration via la prise en compte de leurs besoins spécifiques pour un meilleur accompagnement d’autre part. Nous allons accompagner les journalistes dans leur boulot et eux aussi se sont engagés à nous aider dans cette diffusion .
JACQUES NGOMSU TCHONLAHUI – JOURNALISTE – PARTICIPANT
“Que les informations météorologiques aient un caractère contraignant à l’endroit des decideurs pour être efficaces sur le terrain”
J’ai parlé comme proposition, du caractère contraignant de la prise en compte des informations météorologiques qui sont transmises aux différents décideurs . Le caractère contraignant va entrainer l’efficacité des actions sur le terrain. Quand par exemple l’information est donnée , et qu’à la suite de certaines négligences il y a mort d’hommes du fait que l’information n’a pas été relayée, le caractère contraignant engage cette fois-ci la responsabilité civile et pénale des Responsables concernés dans la chaine de transmission..À partir de ce moment , il pourra y avoir une plus grande prise en considération de ce qui est conseillé par cet organisme, cette entité publique pour protéger non seulement la population, l’environnement et toute l’économie en elle-même parce que la perte des infrastructures est toujours quelque chose d’assez lourd pour l’économie . À titre d’exemple, au niveau de la CONAC : il y a quelques années encore la CONAC avait juste le caractère informatif de la Présidence de la République . Aujourd’hui, la CONAC a un caractère contraignant qui instruit après son enquête au niveau de la justice. Et tout le monde a desormais peur de la CONAC.
LINE RENÉE BATONGUE – JOURNALISTE SCIENTIFIQUE – PARTICIPANTE
Il faudra mettre à la disposition des journalistes, les moyens necessaires d’aller faire leur travail
On est dans un environnement gagnant- gagnant parce que pour les médias biensur qu’il faut des informations pour pouvoir alimenter nos différents reportages, alimenter nos magazines et autres. Pour les experts, les scientifiques, il faut égalemnent que les resultats de toutes leurs recherches puissent atteindre les populations cibles et à ce niveau, il faut que les uns et les autres soient complémentaires . On ne va pas exiger plus d’un des camps mais il faut que les deux camps travaillent en complémentarité et à ce niveau , il faudra mettre à la disposition des journalistes, les moyens necessaires d’aller faire leur travail et pouvoir accompagner tous les acteurs de la météo et de l’information climatique.