Avec le retour progressif des pluies qui donne généralement le signal pour l’accélération des travaux champêtres, la Direction de la Météorologie Nationale (DMN) a rendu public, à l’attention des producteurs agricoles, les dates probables de semis pour la première campagne agricole 2025 pour le Grand Sud du Cameroun. Sont interpellés ici, dans l’ensemble, les régions de l’Est, du Centre, du Littoral, de l’Ouest, du Nord-Ouest, le Sud-Ouest et du Sud. Dans ce document, trois grandes dates sont indiquées : celle du 23 mars, du 2 et du 12 avril pour commencer à planter.
Sommaire
La première observation qui se détache du document produit à l’attention des agriculteurs camerounais par la DMN c’est que les orientations sont faites par zone. En effet, comme disent les experts du domaine, ” l’agronomie est une science de localité”. Parce que la pluviosité et les autres paramètres du climat ne sont pas les mêmes partout, il y a un microclimat qui sévit dans chaque localité du territoire national tel que nous l’ont expliqué certains prévisionnistes de la DMN vers lequel nous nous sommes rapprochés. Les producteurs doivent donc tenir compte de cette réalité dans la planification de leurs activités. De ce fait, il leur est recommandé d’observer la chute d’un minimum de pluies dans leur localité, sur leur sol, avant de commencer à semer.

DEPUIS LE DIMANCHE 23 MARS 2025
Les producteurs sont déjà censés avoir commencé à semer depuis le dimanche 23 mars 2025 dans la Région du Sud, départements de la Vallée du Ntem, du Dja-et-lobo, de l’Océan et de la Mvila. Dans la Région du Centre, sont concernés, les départements de la Mefou-et-Akono, Mefou-et-Afamba, Mfoundi, Nyong-etSoo, Nyong-et-Kéllé. Dans la Région du Sud-Ouest, les semis devraient avoir commencé dans les départements de la Manyu, du Fako, du Ndian, de la Mémé ainsi que dans le Koupé-Manengouba. Mais aussi dans les départements du Mungo, du Wouri, de la Sanaga Maritime et du Nkam dans la Région du littoral.
À PARTIR DU MERCREDI 2 AVRIL 2025
Les agriculteurs de la Région de l’Ouest devraient entrer en action dans les prochains jours, et plus précisément à partir du mercredi 2 avril 2025 dans les départements de la Momo, la Mifi, les Bamboutos, les Haut-Plateaux, la Menoua, le Ndé, le Koung-Khi et le Haut Nkam. Dans le Nord-Ouest, ce sont les départements de la Mezam et la Menchum. Dans la Région du Centre, ce sont les départements du Nyong-et-Mfoumou, du Mbam-et-Inoubou, la Haute Sanaga, et la Lékié. Du côté de la Région de l’Est le message s’adresse aux cultivateus de la Kadey ainsi que ceux de la Boumba-et-Ngoko.
À PARTIR DU SAMEDI 12 AVRIL 2025
Certains travailleurs devront encore prendre leur mal en patience avant d’entamer les semis, de préference à partir du samedi 12 avril 2025. C’est le cas de ceux de la Région du Nord-Ouest dans les départements du Donga-Mantung,du Ngo-Ketunjia, du Boyo ainsi que du Bui. C’est aussi le cas pour ceux du département du Noun dans la Région de l’Ouest, du Mbam-et-Kim dans la Région du Centre ainsi que ceux du Lom-et-Djerem dans la Région de l’Est.
À préciser que malgré le début de la grande saison de pluie dans le Grand Sud du pays, il pourrait, d’après les observations des météorologues, être observé une séquence sèche de plus de 5 jours dans les départements du Donga-Mantung, du Ngo-ketunjia et du Bui dans la Région du Nord-Ouest, dans le Noun, dans la Région de l’Ouest, du Haut-Nyong et du Lom-et-Djerem dans la Région de l’Est ainsi que dans le département Mbam-et-Kim dans la Région du Centre. La zone du Septentrion n’étant pas concernée par cette campagne, une mise à jour sera faite en temps opportun.

PAROLE À L’EXPERT
GUY OBAMA – INGÉNIEUR AGRONOME – PROMOTEUR DU CABINET MPONDOL CONSULTING
“Les étapes de labour et désherbage doivent être achevées au moins 14 jours avant la date de semis “

En termes de conseils pratiques, nous allons commencer par les producteurs ayant déjà préparé leurs parcelles. Au-delà du rappel de l’importance qu’ils doivent accorder au respect des différentes dates indiquées par zones et de la nécessité pour eux de préparer les intrants en attendant la période conseillée, nous leur recommandons de commencer par vérifier l’humidité du sol avant d’entamer les semis. Pour cela, il faut creuser sur 10-15 cm de profondeur, ensuite presser la terre recueillie. Si elle reste en boule, alors l’humidité est bonne.
Si elle s’effrite, comprenez que l’humidité est insuffisante et si vous constatez que l’eau en coule, sachez que cette terre contient trop d’eau. Rappelons au passage aux agriculteurs qu’ils ne doivent semer uniquement que si le sol est bien humide. Si par contre les pluies sont insuffisantes et que le sol est encore sec, ou pas assez humide, il est conseillé de reporter les semis quelques jours plus tard et surveiller les prévisions météorologiques pour ajuster la date.
Nous leur proposons également d’anticiper sur les séquences sèches en procédant au paillage de leur surface pour conserver l’humidité des sols, surtout dans les zones à risques telles que les départements de la Donga-Mantung ou le Noun et de prévoir un système d’arrosage ciblé pour les légumes sensibles comme la laitue ou le chou. En cas de sécheresse prolongée, il faudra arroser les jeunes plants en soirée pour minimiser l’évaporation. Autre astuce, les agriculteurs dans les zones sensibles devraient cultiver des plantes résistantes à la sécheresse ou qui sont moins sensibles à l’instar du manioc ou de l’arachide et éviter les cultures gourmandes en eau à l’instar du céleri ou certaines espèces de riz.

Pour les producteurs n’ayant pas encore préparé leurs parcelles, ceux-ci devraient rapidement se mettre au travail pour le faire. Les étapes de labour et désherbage doivent être achevées au moins 14 jours avant la date de semis pour permettre une fertilisation organique (compost ou fumier décomposé). Le choix des cultures doit être judicieux et adapté aux réalités du sol et du climat de la localité. Privilégier pour cela les cultures à fenêtre de ré-semis flexible (exemple du manioc, avec une fenêtre jusqu’au 25 avril en Zone 1).
Nous leur conseillons également d’éviter les cultures à cycle long comme le céleri (125 jours) si la préparation est trop tardive.
La fertilisation doit être optimisée en appliquant par exemple un apport organique deux semaines au moins avant le semis pour enrichir le sol. Les agriculteurs devront aussi garder des semences de secours et planifier le ré-semis en notant les fenêtres de rattrapage (ex. : 10 jours après la date initiale pour le maïs).
En termes de recommandations générales, nous suggérons aux ” travailleurs de la terre” de suivre les mises à jour des bulletins météorologiques en consultant quotidiennement les prévisions question de s’ajuster en temps opportun. En cas de séquence sèche annoncée (supérieure à 5 jours) il est plus judicieux de retarder les semis ou d’irriguer les parcelles si possible.
Enfin, dans la perspective d’un travail plus moderne et une meilleure productivité, les agriculteurs doivent songer à développer des collaborations avec des structures professionnelles ou recourir à l’accompagnement des Ingénieurs Agronomes et autres Chefs de Postes Agricoles de plus en plus nombreux autour d’eux.
En résumé, pour les agriculteurs ayant déjà préparé leurs parcelles, ils doivent respecter les dates préconisées, vérifier l’humidité de leur sol, et le protéger contre la sécheresse. Pour ceux qui n’ont pas encore préparé leurs champs, ils doivent agir rapidement, songer à fertiliser leur sol et prioriser les cultures flexibles.
Ce que ça fait… Ça fait