“On épouse pas les Bami chez nous” cette phrase attribuée au footballeur international camerounais Martin HONGLA soulève colère et consternation sur les réseaux sociaux depuis ce lundi matin. Cette bribe de conversation entre le footballeur camerounais et une internaute dont l’identité n’est pas révélée qui relance les débats sur l’unité nationale et le vivre ensemble sous fond de récupération des hommes politiques et des leadeurs d’opinion qui à l’auree des échéances électorales cruciales pour l’avenir de notre nation, en 2025.
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Le 12 septembre dernier, le peuple camerounais jubilait à l’unisson suite à la qualification des Lions Indomptables de football à la Coupe d’Afrique des Nations qui va se jouer en Côte d’Ivoire en Janvier prochain. Le temps d’une rencontre de football les camerounais de tous les horizons ont oublié leurs appartenances ethniques, leurs villages et régions d’origine, leur sexe et leur religion et même leurs partis politiques respectifs pour communier tous ensemble autour de leur drapeau, le ” vert-rouge-jaune” symbole d’appartenance à une même nation. Preuve une fois de plus, à tord ou à raison, que le football est un facteur de rassemblement et de fraternité pour le peuple camerounais. Un état de chose qui pourrait expliquer l’effervescence observée sur les réseaux sociaux et le paysage médiatique du triangle national depuis le partage sur les réseaux sociaux d’une séquence de conversation polémique entre Martin HONGLA et une dame non identifiée dans laquelle l’international de football répondant à une question de son interlocutrice déclare :”on épouse pas les bamis chez nous”. Des paroles sorties de leur contexte d’une conversation privée entre deux adultes sur les réseaux sociaux pour servir de tremplin pour une campagne de bashing d’un camerounais tranquille dans son coin qui a pour malheur en cette circonstance , au-delà de ses propos dont la gravité est diversement appréciée, d’être issu de la même ethnie que le Président de la Fécafoot Samuel ETO’O et le Sélectionneur Manageur Rigobert SONG , tous des Bassa.
IL Y’A LE “TEXTE” MAIS AUSSI LE “CONTEXTE”
Qu’est-ce qui peut expliquer la récupération politique de cette conversation privée entre deux adultes dans un pays ou la liberté d’expression est garantie par la constitution ? Qui est vraiment tribaliste dans cette affaire ? Martin HONGLA qui répond spontanément à une internaute ou les leadeurs d’opinion qui n’ont pas rien à proposer aux populations comme sujets de réflexion et en qui amplifiant la “gravité” de ces propos ont là l’occasion de faire parler d’eux ? Qu’est ce qui peut vraiment pousser les camerounais à la révolte après de tels propos ? L’identité et l’origine ethnique de l’auteur de ces propos ou le cynisme et la manipulation des “hiboux” qui ne ratent pas cette occasion pour “remuer le couteau dans la plaie ” et ébranler ainsi la construction de notre ” vivre ensemble” si cher au Président Paul Biya ?
En effet, comment comprendre que certains leadeurs d’opinion s’empressent à demander l’exclusion de Martin HONGLA de l’équipe nationale sous le fallacieux prétexte d’apologie du tribalisme doublé d’un manquement au droit de réserve qui accompagne son statut de sportif de haut niveau, porte étendard du drapeau national, tout en évitant délibérément la question tout aussi emprunte de tribalisme qui a entrainé cette réponse ? ” Ta femme est Bagangté?” a demandé l’interlocutrice anonyme. Une question qui en elle-même porte déjà des germes de tribalisme si on s’en tient à la définition de cette expression car d’après Wikipédia un dictionnaire en ligne, le tribalisme au sens propre ‘est un modèle d’organisation sociale basée sur la tribu ou encore un mode d’organisation basée sur le sentiment d’appartenance à un lieu, à un groupe comme fondement essentiel de la vie sociale. Au sens figuré, le tribalisme est un mode d’organisation politique basée sur la lutte entre groupes , au profit de leurs dirigeants”. Et c’est ce dernier sens que nous allons convoquer pour mettre à nue la récupération à des fins de manipulation de l’opinion publique de certains hommes politiques et autres “leadeurs d’opinion” qui ne parviennent plus à voiler leur plan machiavélique de diviser les camerounais pour accéder au pouvoir.
Il est important de rappeler qu’à l’origine de cette réaction du footballeur international se trouve cette question à fort connotation tribale dont les manipulateurs essaient d’ignorer la gravité. En effet, pourquoi s’intéresser à l’origine ethnique de la femme d’un compatriote si derrière ce questionnement ne se trouve déjà pas un socle du repli identitaire ? Quelle différence pour celle qui pose la question si la femme de Martin HONGLA est Bagangté(donc Bami) ou pas ? Pourquoi s’intéresser seulement à cet aspect tribal de son couple ?Si sa femme était Bagangté , qu’est ce qui allait suivre ? Aurait-il eu droit à certains avantages de ce groupe ethnique qui ne sont pas à la portée des hommes qui n’ont pas épousé des filles bamilékés ? C’est la raison pour laquelle on se pose la question qui fâche : Qui est vraiment tribaliste au Cameroun de nos jours, dans un contexte de démocratie et de liberté d’expression ? Celui qui pose une question à connotation ethnique ou celui qui donne une réponse franche , sincère et banale dans la société camerounaise , une réponse surtout qui n’engage que lui ? C’est une ” réponse du berger à la bergère”. Ni plus, ni moins.
Sachant que les mariages inter ethniques sont légions dans nos différents milieux de vie, qu’est ce qui peut justifier cette attitude hypocrite de ces leadeurs d’opinions qui jouent les scandalisés au sujet des propos que la plupart des camerounais entendent répéter au quotidien ?
Qui dans son entourage, ne connait pas une histoire sur une personne qui n’a pas pu épouser une autre du fait des préjugés hérités des pensées de nos parents et ancêtres? Qui n’a jamais été traité de “basa”, “ewondo”, “nkwag” “gada mayo” en fonction du village où il se trouve au Cameroun sans que le pays soit incendié ? Alors, pourquoi faire une fixation sur le mot “bami” quand on sait que personne n’est saint au Cameroun et qu’il y’a également dans la communauté des Grass-Fields des exemples de personnes rejetées parce qu’elles sont “nkwag”. Ces situations n’émeuvent plus personne au sein des populations, d’ou la cohabitation des tributs différentes dans les quartiers et villages. Nous pensons donc que les vrais tribalistes sont ces personnes qui pour se faire une côte de popularité n’hésitent pas á dramatiser des situations sans intérêt, quite à pousser les communautés les unes contre les autres, dans l’espoir d’une récupération politique.
LE VIVRE ENSEMBLE AU CAMEROUN DOIT-IL ÊTRE L’EXHALTATION DE L’HYPOCRISIE
Le vivre ensemble doit-il être l’exaltation de l’hypocrisie ? Au regard de l’attitude de certains hommes politiques et leadeurs d’opinion au Cameroun, il y’a de quoi s’interroger. Beaucoup préfèrent le raccourci du sensationnel amplificateur des tensions sociales et du repli identitaire , plus susceptible de satisfaire leur potentiels électeurs dans la perspective des élections de 2025, que la longue marche de l’apaisement nécessaire pour la consolidation de notre vivre ensemble. Ils jouent sur les sensibilités et exacerbent les malentendus au point où il devient urgent de questionner leur véritables ambitions : construire ou détruire le Cameroun ?
Pour quel intérêt prêcher l’apocalypse quand on est leadeur d’opinion ou un homme politique ? S’empresser de demander qu’un joueur soit chassé de l’équipe nationale pour des propos qui n’ont rien à voir avec l’univers footballistique , le jeu ou les règles de cette discipline sportive exprime à suffisance la malice d’une bonne partie de nos leadeurs d’opinions qui n’hésitent pas à plonger dans des “eaux saumâtres” du moment où ça peut leur attirer la sympathie de leurs followers , des militants ou encore de leur communauté d’origine. Ce sont des contre exemple. Dans une situation comme celle que vit Martin HONGLA jeté en pâture à une certaine opinion sur les réseaux sociaux par une personne certainement mal intentionnée, on se serait attendu à une autre attitude de la part de ces donneurs de leçons mentionnés plus haut. Par exemple, ils auraient pu se rapprocher de lui, l’écouter et lui donner directement des conseils sur la gestion de ses interventions sur les réseaux sociaux afin que des situations pareils ne se reproduisent plus. Sans que cela ne soit déversé de la plus hideuse des manières sur la place publique comme c’est le cas. Non, Martin HONGLA n’est pas le tribaliste que certains veulent faire croire. Cette conversation sur les réseaux sociaux et ces déclarations ne suffisent pas pour le traiter ainsi. Et aucun camerounais ne saurait déterminer le choix de son épouse à partir de ces déclarations de HONGLA qui seraient passées inaperçues si d’aucuns n’avaient trouvé en ces mots, une occasion pour jouer les intéressants. Les tribalistes, les vrais et les plus dangereux parce que sournois et hypocrites, sont plutôt ces personnes ( hommes politiques, leadeurs d’opinions) qui n’ont pas hésité à profité de ce banal fait divers pour jeter de l’huile sur le feu.
CE N’EST PAS LA FAUTE À MARTIN HONGLA
Le peuple camerounais gagne en maturité politique au jour , le jour. Et il ne cèdera donc pas aux chants de la division des hiboux politiquement trop ambitieux au point de s’attaquer même à notre vivre ensemble, du moment ou leur visibilité politique est assurée.
C’e n’est pas la faute à Martin HONGLA si la vie est de plus en plus chère au Cameroun. S’il n’y a pas de routes et d’eau potable pour les populations. Si les salaires sont bas et les enseignants en grève en cette rentrée scolaire. Non ce n’est pas là faute à HONGLA et le jeter à la vindicte populaire ou demander son départ des Lions Indomptables n’apportera pas le changement politique longtemps espéré par les populations.
Il y’ a mieu à faire que ça pour développer le pays.
Stop donc à la diversion et que nos hommes politiques cherchent plutôt des projets de société à présenter à leurs potentiels électeurs pour 2025 au lieu de s’en prendre à un jeune footballeur qui sert le Cameroun à sa manière.
Ce que ça fait…ça fait !