C’est une alerte de l’ONAC amplifiée par le MINSANTÉ qui appelle les camerounais(es) à la prudence. Une montée des températures jamais observée sur l’ensemble du territoire national exceptée les Régions de l’Ouest et du Sud-Ouest , dûe aux changements climatiques, pourrait entrainer des pathologies diverses au sein des populations à l’instar du choléra, du paludisme,la méningite, les diarrhées ou encore les crises d’athsme. Malheureusement, les citoyen(nes) ne font pas toujours le lien entre leurs comportements préjudiciables à l’équilibre des écosystèmes , les phénomènes météorologiques extrêmes qui les accablent et la dégradation de leur état de santé.
Sommaire
À la question de savoir comment est-ce qu’elle procède pour se prémunir de cette vague de chaleur actuellement dans la ville de Yaoundé METHE NGONO Marie-Josephe, jeune femme habitant avec ses deux derniers enfants en bas âge au quartier Mvog-Ada, dans la Commune d’Arrondissement de Yaoundé 5e explique :” La chaleur ci vraiment, ça me dépasse. Ce n’était pas comne ça avant. Maintenant, je suis obligée de prendre un bain froid chaque nuit, vers 23h, avant d’aller me coucher pour sentir un peu de fraîcheur . Pour les enfants, j’allume desormais le ventilateur dans leur chambre pour qu’ils puissent trouver le sommeil. ” A l’évocation des risques sanitaires, cette mère célibataire répond de façon évasive : “Franchement, c’est Dieu qui nous garde. Les enfants dorment sous une moustiquaire pour ne pas attraper le paludisme. C’est tout ce que je peux faire . Mais ils se couchent presque nus pour éviter la transpiration.Je n’ai pas le choix. J’évite aussi de leur faire boire de l’eau le soir de peur qu’ils ne fassent pipi au lit. À mon niveau parfois je suis obligée de dormir au salon malgré les moustiques parce que dans ma chambre, avec le plafond, il fait parfois trop chaud.”
Interrogé sur cette même question Maxime BOMONO, jeune commerçant habitant le quartier Etam-Bafia dans la Commune d’Arrondissement de Yaoundé 4e pour sa part, donne à peu près les mêmes arguments. En journée , il se met à l’ombre sous le parasol de son comptoir au marché Mvog-mbi ou il vend les chaussures. A la maison le soir , il prend aussi un bain avant d’aller se coucher pour ressentir un peu de fraîcheur corporelle .Et puisqu’il occupe un appartement au premier étage d’un immeuble à proximité du lieu-dit carrefour Petit Marché, il se permet de temps en temps de prendre le risque, dans une zone ou les cas de vols abondent, de laisser sa fenêtre entre-ouverte pour un peu d’aération. Parlant de l’aspect sanitaire Maxime aussi s’en remet à Dieu. “Je tombe difficilement malade; donc je sais que le Seigneur me protège” dit-il. Par prudence, a longueur de journée , il boit régulièrement auprès des vendeurs ambulants qui sillonnent le marché, des thés et autres boissons dits de ” nettoyage” censés le protéger de certaines maladies comme le paludisme, la fièvre typhoide, les migraines, le mal de dos, les rhumantismes et même l’obésité. Sur le lien entre cette vague de chaleur , les changements climatiques et l’incivisme des populations, Maxime ne fait nullement le rapprochement. Pour lui, c’est juste le monde qui évolue et les temps qui changent. “La Bible a annoncé tout cela” conclut-il.
Loin d’être des cas isolés, ces réactions de ces deux habitants de la ville de Yaoundé que nous avons rencontré résument à suffisance les attitutes d’une grande frange de la population parlant de la chaleur qui sévit actuellement au Cameroun . Dans la ville de Yaoundé où nous nous trouvons, bien loin est l’époque du climat Yaoundéen ,un temps doux et frais qui faisait la fierté et l’orgueil des populations de la cité capitale en comparaison malheureusement à l’époque avec le climat chaud et humide de la capitale économique Douala.De nos jours dans la ville aux sept collines, les populatiins apprènent à adopter de nouveaux comportements tels que dormir sous un ventilateur, se faire installer un climatiseur à domicile , dormir à même le sol sur une natte pour trouver un peu de fraîcheur ou prendre un bain tard dans la nuit avant d’aller se coucher . Làs ou le bas blesse, c’est que cette vague de chaleur sans précédent les expose malheureusement à des maladies sans que certains s’en rendent compte.
DES MENACES SUR LA SANTÉ PARTOUT DANS LE MONDE

En effet, d’apres les experts, les changements climatiques representent une grosse menace pour la santé humaine partout dans le monde et ceci , de plusieurs façons , entrainant parfois des décès . Malheureusement, au-delà de la petite communauté des environnementalistes et des spécialistes de la santé humaine, beaucoup au sein de l’opinion publique au Cameroun, semblent encore ignorer cette cette réalité.
Dans son sixième rapport d’évaluation, le Groupe d’expert intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC ) citée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS ) dans une pubication sur son site internet intitulée ” Principaux repères sur le changement climatique et la santé ” en date du 12 octobre 2023, révèle que les phénomènes météorologiques extrêmes ,de plus en plus récurrents dans le monde à l’instar des inondations , des feux de forêts, des perturbations du calendrier agricole , des vagues de chaleur comme c’est le cas actuellement au Cameroun augmentent les risques de maladies d’origine alimentaire et à transmission hydrique ou vectorielle, les zoonoses ainsi que des problèmes de santé mentale. ” Des travaux de recherche récents attribuent 37 % des décès liés à la chaleur au changement climatique induit par l’homme. Les décès liés à la chaleur chez les personnes de plus de 65 ans ont augmenté de 70 % en deux décennies. En 2020, 98 millions de personnes de plus ont connu l’insécurité alimentaire par rapport à la moyenne de 1981 à 2010. l’OMS prévoit selon des estimations prudentes , 250 000 décès annuels supplémentaires d’ici les années 2030 en raison des effets du changement climatique sur des maladies comme le paludisme et des inondations côtières.” peut-on lire sur cette publication.
Plus grave encore, d’après ces mêmes experts du GIEC, ces risques sanitaires sensibles au climat sont ressentis de manière disproportionnée par les personnes les plus vulnérables et défavorisés, notamment les femmes et les enfants, les minorités ethniques, les communautés pauvres, les migrants , les personnes déplacées et les populations âgées .
Le Cameroun ne saurait donc constituer une exception.D’ou cette sortie du MINSANTÉ après l’alerte de l’ONAC faisant état d’une augmentation inhabituelle de températures sur l’ensemble du pays, à l’exception des Régions de l’Ouest et du Sud-Ouest , pour une prise de conscience sur la menace sanitaire que représente ce phénomène météorologique . Il est désormais urgent pour les citoyens, chacun à son niveau, de prendre des mesures préventives pour éviter le pire.
ATTENTION AUX SIGNES DE DESHYDRATATION TELS QUE LA PRODUCTION D’URINE RÉDUITE OU DE COULEUR FONCÉE
Parmi les signes d’alerte à reconnaître, le communiqué du MINSANTÉ parle d’une soif intense, des maux de tête ,une fatigue inhabituelle ,des crampes et des nausées. Mais aussi des signes de déshydratation tels que la production d’urine réduite ou encore de couleur foncée, la bouche qui s’assèche et parfois la perte d’élasticité au niveau de la peau. En cas de persistance de ces signes, le bon reflèxe est d’ aller directement à l’hopital pour consultation ou se rapprocher d’un professionnel de la santé pour des conseils et des orientations.
Toutefois, le Dr Manaouda Malachie dans ce document indique quelques gestes de prévention à adopter afin de limiter ces risques de maladies dûes à cette vague de chaleur à savoir porter des vêtements légers et amples, boire suffisamment d’eau tout au long de la journée même quand la soif ne se fait pas trop ressentir, mouiller le corps régulièrement et dans la mesure du possible, éviter les activités physiques intenses pendant les heures de plus chaudes , rester à l’ombre , utiliser si possible des ventilateurs ou la climatisation pour se rafraîchir . Il faut également surveiller les personnes vulnérables comme les personnes âgées, les malades chroniques et les enfants . Aérer les logements tôt le matin et pendant la nuit en tenant compte du risque d’intrusion des malfaiteurs mais aussi éviter de consommer de l’alcool car cela peut augmenter la déshydratation.
C’EST L’EFFET BOOMERANG , CETTE MENACE SUR LA SANTÉ DES POPULATIONS
S’il est évident que cette vague de chaleur va s’estomper dans les prochaines semaines avec le retour des pluies annoncées par la Direction de la Météorologie Nationale pour les périodes de juin, juillet et aout, cette interpelation du MINSANTÉ garde toutefois toute sa pertinence en ce qu’elle constitue un élément d’éveil des consciences de plus pour une intensificatoon de la sensibilisation des masses sur leur responsabilité dans la lutte contre les changements climatiques. L’Homme, victime en aval des caprices du climat oublie trop souvent qu’il est l’auteur, en amont du processus, de ces perturbations qui finissent par l’affecter jusque dans sa propre chair. Effectivement, du fait de l’incivisme dont elles font montre dans la mauvaise gestions des ordures ménagères par exemple(ces déchets qui bouchent les rigoles et canalisations, favorisant les innondations) , dans la déforestation accélérée ou encore dans la coupe anarchique des arbres en zones urbaines( comme c’est le cas pour les villes de Douala et Yaoundé débarassées au fil des temps de leur couvert végétal) les populations sont grandement responsables des changements climatiques parfois, sans s’en rendre compte. Malheuresement, l’effet boomerang de toutes ces mauvaises pratiques se repercutte directement sur ces populations elles-mêmes, avec des perturbations de leurs milieux de vie( innondations, glissements de terrain, sécheresse, avancée du desert) ou encore des expositions à certaines maladies citées plus haut . C’est dans le but d’attirer l’attention sur cette menace silencieuse que André Aschieri(1937-2021) ancien Maire de Mouans-Sartoux et Député des Alpes-Maritimes en France, dans une volonté d’interpeller ses compatriotes sur les méfaits et le dégré croissant de la pollution en hexagone au 21e siècle dans son ouvrage “La France toxique, santé, environnement : les risques cachés”(1999) a écrit cette phrase qui parle aujourd’hui à toute l’humanité : “Toutes les pollutions achèvent leur course dans nos assiètes”.
C’est donc le temps de l’action . Les moyens humains, financiers et techniques doivent être mobilisés par les Autorités de la République et leurs partenaires des OSC afin que les mesures d’adaptation et d’atténuation soient inculquées aux communautés à la base. Pour ce faire, une prise de conscience sur notre responsabilité collective est desormais necessaire pour plus d’éfficacité dans cette lutte contre ces changements climatiques qui ont des effets pervers sur la santé de tous et de chacun.
REACTIONS :
GUY OBAMA
INGÉNIEUR AGRONOME SPÉCIALISÉ EN PRODUCTION ANIMALE
PROMOTEUR DU CABINET MPODOL CONSULTING

L’impact des changements climatiques sur la santé des populations peut être direct ou indirect.
De façon directe , on peut avoir des cancers de la peau, des maladies occulaires, le stress thermique (causés par les flux de température); les maladies respiratoires, cardiaques ainsi que l’augmentation des allergies (suite à la qualité de l’air).
Indirectement , il y a la malnutrition, la sous-alimentation, l’insécurité alimentaire (suite aux variations extrêmes des éléments climatiques); la recrudescence des maladies hydriques, émergentes ou reemergentes telles que le choléra, le paludisme, la méningite, la diarrhée, les zoonoses (ebola…) Elles sont causées par la mauvaise qualité et parfois l’indisponibilité de l’eau, la modification des écosystèmes (inondations , sécheresse…)qui deviennent des milieux plus adaptés au développement des pathogènes responsables des maladies vectorielles.