“Combler ensemble les lacunes en matière d’alertes précoces” tel est le thème de la 65ᵉ édition de la célébration de la Journée Météorologique Mondiale (JMM) célébrée ce dimanche 23 mars 2025 à l’échelle de la planète. Dans son message de circonstance à l’attention de l’opinion publique nationale, le Ministre des Transports, Patron de la météorologie au Cameroun, est revenu avec emphase sur l’urgence pour toutes les parties prenantes de fusionner leurs efforts en vue de la mise en place effective du Système d’Alerte Précoce dans notre pays.
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Dans la sortie épistolaire de M. NGALLE BIBEHE Jean Ernest Massena, Ministre des Transports à l’occasion de l’édition 2025 de la JMM, on peut retenir l’interpellation de toutes les parties prenantes, dans une synergie de compétences, de moyens et d’actions plus que jamais nécessaire, pour la mise en place d’un Système d’Alerte Précoce au Cameroun. ” Ensemble, nous comblerons les lacunes en matière d’alertes précoces et nous tirerons parti de notre expertise collective pour le bien de toutes et tous pour façonner un avenir” lit-on sur le document.

Un système d’alerte précoce est un service intégré de détection et de prévention conçu pour donner l’alerte, lancer le signal en cas de risque de catastrophe ou toute autre menace pouvant causer des dégâts matériels ou des pertes en vies humaines tel que les inondations, les éboulements, les vagues de chaleur ou encore sous d’autres cieux, les cyclones et les tsunamis.
C’est un mécanisme d’aide de prise de décision qui permet aux opérationnels sur le terrain de prendre des décisions efficaces afin de renforcer la résilience des populations, protéger les infrastructures et sauver des vies face aux phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus récurrents dans le monde en général et au Cameroun en particulier.
LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES BOULEVERSENT ACTUELLEMENT L’ÉQUILIBRE DE LA PLANÈTE
Les populations des localités insulaires de notre pays par exemple font face de plus en plus à la montée du niveau de la mer avec les eaux qui se retrouvent déjà dans certains domiciles. Les inondations de plus en plus intenses menacent désormais les populations vivant sur la zone côtière, ainsi que celles du Grand Nord. Le triste souvenir du drame de Yagoua en septembre 2024 au cours duquel des inondations sans précédent ont causé là-bas 11 morts, 4300 sinistrés, 950 familles déplacées reste vivace dans nos mémoires. Sans oublier les glissements de terrain et les destructions d’ouvrages de franchissement avec 13 ponts emportés par les eaux de pluies en septembre 2024 dans la Commune de Massock-Songloulou dans la Sanaga Maritime pour ne citer que ceux-là.
Tous ces cas de sinistres et bien d’autres classés dans la catégorie des risques climatiques sont, d’après les conclusions du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) en lien direct avec les changements climatiques qui bouleversent actuellement l’équilibre de la planète.
Selon les experts du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) dans une note explicative sur ce sujet, un Système d’Alerte Précoce (SAP) repose sur quatre piliers essentiels : (I) la connaissance des risques qui découle des études de terrain, des explorations des différents écosystèmes et des zones à risques, ainsi que des consultations des populations dans les régions concernées (II) la surveillance et la prévision qui exigent ici une veille permanente pour observer et détecter les signes annonciateurs d’un potentiel aléa (III) la diffusion et la communication question de tenir les populations informées de ces menaces et des actions à poser afin de limiter les dégâts matériels et humains et au bout de la chaine (IV) la préparation et la réaction qui consiste à outiller les individus et les communautés à la résilience, leur donner les orientations nécessaires pour protéger leurs vies et leurs biens.

La prévention et la gestion des catastrophes ici au Cameroun comme ailleurs dans le monde est un processus interconnecté de compétences qui fait intervenir des acteurs dans plusieurs domaines partant de la collecte des données météorologiques aux services d’aide médicale d’urgence en passant par la distribution des kits de premier secours, le transport et l’évacuation des personnes vulnérables, le secours aux sinistrés, la communication (radio, télévision, presse écrite, internet), etc. D’où cette précision du MINT qui rassure les différentes sectorielles sur le travail de fond qui est fait de façon discrète certes, mais efficace à son niveau par ses collaborateurs pour une meilleure assistance aux victimes de catastrophes dans notre pays. ” la collaboration en cours avec divers partenaires de mise en œuvre du Système d’Alerte Précoce, vise à mettre à la disposition des acteurs concernés des connaissances nécessaires pour prendre des mesures préventives afin de se préparer et de réagir aux catastrophes imminentes dès réception des alertes”.
LES PRÉVISIONNISTES DE LA DMN AUX AVANT-POSTES DE CETTE INITIATIVE
Au-delà des prévisionnistes de la DMN, aux avant-postes de ce projet dans leur double rôle de détecteurs de dangers et de lanceurs d’alertes, le Ministre des Transports fait ici allusion à tous les autres maillons de la chaine de gestion des crises et des catastrophes au Cameroun, à savoir les Responsables de la Direction de la Protection Civile logée au Ministère de l’Administration Territoriale, les sapeurs-pompiers qui dépendent du Ministère de la Défense, les professionnels de la santé mis à contribution par le Ministère de la Santé Publique, les secouristes, les OSC, les associations de volontaires, bénévoles, ainsi que les médias et NTIC (radio, télévision, presse écrite, presse en ligne, réseaux sociaux, etc.)
Un travail de fond est donc réalisé en ce moment et celui-ci nécessite l’implication de tous les acteurs pour que dans une synergie d’efforts, les lacunes en matière d’alerte précoce soient comblées au Cameroun.

Pour un État, investir dans un système d’alerte précoce et d’informations climatiques est avant tout une urgence humanitaire qui permet d’anticiper, sauver des vies humaines, minimiser les dégâts matériels. Les populations dans un contexte de changements climatiques sont de plus en plus exposées à des dangers auxquelles elles n’ont pas été confrontées auparavant. On peut citer les glissements de terrain de Ngouache en octobre 2019(13 maisons ensevelies sous les décombres après 3 jours de fortes pluies à Bafoussam, 42 morts, 13 disparus, 6 blessés et 130 sinistrés selon le bilan officiel) ou encore de Nbankolo en octobre 2023(environ 30 maisons balayées par l’eau après la rupture d’une digue retenant les eaux d’un lac artificiel, 30 morts, 20 blessés, un bébé sauvé) pour le cas du Cameroun. Des drames qui auraient pu être évités si des actions avaient été prises bien avant.
LA MISE EN PLACE DE MÉCANISMES DE COORDINATION INCLUSIFS
Diriger c’est prévoir. La réussite de ce challenge nécessite une franche collaboration entre les institutionnels, la société civile et même le secteur privé. D’où la nécessité de la mise en place de mécanismes de coordination inclusifs, efficaces et accessibles
Par la diffusion à temps de la bonne information aux populations concernées, un Système d’Alerte Précoce permet de renforcer la résilience des personnes vulnérables face aux affres des changements climatiques. Toutefois, plusieurs obstacles ralentissent la mise en place effective de cette initiative. On peut citer ici le manque de moyens financiers, l’insuffisance ou la vétusté des équipements techniques, une faible implication des institutionnels, la complexité et l’évolution des risques climatiques qui parfois peuvent s’intensifier brusquement, mais aussi et surtout des difficultés de communication notamment lorsque les alertes ne parviennent pas aux communautés vulnérables vivant dans les zones reculées.
Ce qui pourrait justifier ce rappel à l’ordre du Ministre des Transports :
“J’invite les populations à prendre en compte, dans la cadre de leurs différentes activités, les informations météorologiques élaborées par la Direction de la Météorologie Nationale du Ministère des Transports“
La Journée Météorologique Mondiale (JMM) est célébrée à l’échelle de la planète tous les 23 mars de chaque année depuis 1961. C’est en souvenir de la mise en œuvre le 23 mars 1950 de la convention qui a créé l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) un organisme spécialisé des Nations Unies, en remplacement de l’Organisation Météorologique Internationale, que cette date a été choisie. Cette journée permet de valoriser la contribution des services météorologiques nationaux à la sécurité et au bien-être de la société toute entière.
D’où cette conclusion du MINT assimilable à une bonne dose de stimulant pour continuer à booster le moral de ses collaborateurs et rassurer le peuple camerounais : “Le Gouvernement de la République continuera à apporter un soutien sans réserve au secteur de la météorologie, pour qu’il fournisse de concert avec les autres services compétents concernés, des prévisions et alertes précoces aux populations les plus vulnérables“.
Ce que ça fait… Ça fait !
Ci-jointe, l’intégralité du message du MINT


