Le séminaire de formation des journalistes sur les atouts de l’agroécologie comme solution aux changements climatiques au Cameroun s’est déroulé ce mercredi 18 octobre 2023 à la Conférence Épiscopale ici à Yaoundé. L’évènement était organisé par l’Association pour le Développement Social et Culturel des Mbororo ( MBOSCUDA) avec la collaboration de Alliance for Food Sovereignity in Africa ( AFSA ) et l’appui institutionnel du Conseil Economique et Social du Cameroun. Il a vu la participation d’une quinzaine de professionnels de la presse spécialisée sur les questions environnementales.
Sommaire
C’était donc “jour de classe” ce mercredi 18 octobre 2023 à la Conférence Épiscopale du Cameroun au quartier Mvolye ici à Yaoundé pour les journalistes qui ont fait de la protection de la nature leur combat. Au menu de cette séance de renforcement des capacités des organismes médiatiques, l’agroécologie et les changements climatiques dans la perspective de la COP 28 du côté de Dubaï aux Émirats Arabes Unis du 30 novembre au 12 décembre 2023.
PROMOUVOIR LE RETOUR AUX SOURCES DES PRATIQUES AGRO-PASTORALES ANCESTRALES
Dans sa présentation qui portait justement sur l’agroécologie (et son importance dans la lutte contre les changements climatiques), M. Garba MOHAMADU a précisé que l’agroécologie, d’après les termes savants, est une agriculture durable et résiliente qui est basée sur 3 piliers à savoir (I) la rentabilité économique des parcelles cultivées (II) l’impact social de la production pour satisfaire aux besoins de la population (III) la protection de l’environnement.
Mais pour une meilleure compréhension, il a ajouté, parlant du contexte camerounais, que l’agroécologie doit être perçue comme une manière de cultiver dans les champs, de produire dans le secteur de l’élevage ou dans l’aquaculture, qui favorise l’adaptation dans notre environnement. Une façon de promouvoir le retour aux sources des pratiques agropastorales ancestrales avec notamment le recours à la pratique de la jachère, l’association des cultures et l’agroforesterie. C’est une pratique applicable à petite échelle, au niveau de l’agriculture familiale et donc à même de favoriser l’épanouissement d’un plus grand nombre de populations en zone rurale. De plus, l’agroécologie permet de promouvoir la consommation des produits bio à travers la politique du jardinage via l’aménagement des potagers derrière la maison par exemple. Ce qui permet aux ménages d’avoir des produits sains. C’est donc une pratique qui peut permettre que le pays atteigne efficacement le cap de l’auto-suffisance alimentaire en favorisant la production en grande quantité des aliments de qualité. Elle permet également de promouvoir le reboisement, en plantant les arbres sur les parcelles exploitées. Ce qui reconstitue plus facilement les sols. Tout ceci, au final, participe largement à la réduction des émissions de carbone.
Parlant des actions à mener pour la promo-vulgarisation de l’agroécologie au Cameroun, l’État doit premièrement insister sur le financement de la recherche. Deuxièmement, il doit mettre en place des stratégies de conservation naturelle de la biodiversité basées sur nos pratiques ancestrales et troisièmement, l’État du Cameroun doit augmenter l’accès aux financements ainsi qu’aux marchés pour écouler les produits. L’État doit par ailleurs intégrer les effets des changements climatiques dans les différents plans de développement locaux pour atteindre efficacement ses objectifs. La presse, à son niveau, doit aussi être mise à contribution. Les hommes des médias devant relayer la bonne information et toucher toutes les franges de la population.

LES MÉDIAS DOIVENT TOUCHER LES DIRIGEANTS ET AUTRES LEADEURS POLITIQUES
À l’issue de cette formation, 7 idées ont été émises parlant de la contribution des journalistes dans cette lutte contre les changements climatiques et la promotion de l’agroécologie, notamment :
(I). Les médias doivent toucher les dirigeants et autres leadeurs politiques afin qu’ils puissent prendre de bonnes décisions allant dans le sens de la protection de l’environnement.
(2) Ils doivent lutter contre les fausses informations en faisant intervenir les experts du domaine ¹¹
(3) Les présentateurs d’émissions doivent simplifier l’information environnementale et la rendre accessible à toutes les couches sociales, Quel que soit le niveau d’éducation.
(4) Les hommes/femmes de média doivent informer l’opinion publique sur les gestes écologiques
(5) Les organes de presse doivent travailler main dans la main avec toutes les structures et organisations qui interviennent dans la lutte contre les changements climatiques afin d’avoir, puis relayer, la bonne information.
(6) Les organismes médiatiques doivent créer des programmes spécifiques sur les changements climatiques et la protection de la biodiversité.
(7) Les journalistes, pour plus d’efficacité dans leur travail de sensibilisation, doivent se spécialiser sur les questions environnementales

Rappelons que cet atelier de formation des journalistes était organisé par MBOSCUDA. Crée en 1990 puis légalisée en 1992, l’Association pour le Développement Social et Culturel des MBORORO a pour objectif entre autres de contribuer à l’épanouissement socio-économique de la communauté Bororo en tant que peuple ayant un mode de vie et une culture essentiellement pastoraliste, nomade/semi-nomade et de ce fait distinct de la grande majorité de la population nationale. Sa vision est celle d’un Cameroun pacifique où les pasteurs BORORO assurent un développement durable et l’égalité des droits dans un environnement sain. Avec plus de 1500 membres actifs, MBOSCUDA est présente dans les 10 régions du pays avec 9 Présidents Régionaux et c’est le Président Régional du Centre qui couvre la Région du Sud.
En 2005, MBOSCUDA a acquis le Statut Spécial et Consultatif auprès du Conseil Economique et Social des Nations Unies (ECOSOC) et le statut d’Observateur au sein de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des peuples au sein de l’Union Africaine.
Pour cette activité, elle a bénéficié de l’appui de AFSA (Alliance for Food Sovereingnity in Africa) et du Conseil Économique et Social du Cameroun (CESC)
REACTIONS
MUSSA USMAN – VICE-PRESIDENT NATIONAL MBOSCUDA

MBOSCUDA est une association majoritairement des familles d’éleveurs, donc dans le système d’éleveurs, nous avons un système qu’on appelle “alliance farming” c’est-à-dire qu’on parvient à réunir les deux familles, cultivateurs et éleveurs, pour qu’elles utilisent la même parcelle. Par exemple, pendant la saison sèche, les éleveurs peuvent utiliser une zone pour les pâturages et durant la saison pluvieuse, les agriculteurs utilisent le même endroit pour leurs champs. C’est une solution très idéale, car le cultivateur va produire sans engrais chimique à partir de fertilisants bio d’origine animale qui ont enrichi le sol pendant le passage des éleveurs et leurs troupeaux. Les aliments qui sont produits sur ces parcelles sont automatiquement bio pour une bonne santé des consommateurs et en même temps de l’environnement. Voilà par exemple la contribution des éleveurs dans ce projet d’agroécologie concernant les changements climatiques, concernant la protection de notre biodiversité, concernant la protection de notre environnement.
MEIGNO BOKAGNE RAPHAEL – CADRE CHARGÉ DES PROJETS À L’ INADES (Institut Africain pour le Développement Économique et Social)

Les appels à l’action sont légitimes parce qu’on vit dans un village planétaire et vous savez qu’aujourd’hui l’Afrique émet seulement 4 % des gaz à effet de serre. Quand on prend la contribution au niveau mondial, l’Afrique n’est responsable que de 4 % donc vous pouvez imaginer que les autres 96% sont produits hors de notre continent, hors de l’Afrique. Ce qui en définitive veut dire que c’est l’Afrique qui doit assumer désormais les pollutions des autres continents. C’est pour cela que dans les débats au niveau des Conférences des Parties, nous, de notre côté, demandons toujours des dédommagements, car ils (l’occident) nous demandent de continuer à faire des efforts sans compensation financière : est-ce qu’on n’est pas en train de nous sacrifier ? La grande question au finish, c’est donc : “allons-nous continuer à subir ” ?
Et maintenant, l’agroécologie qui est proposée comme étant la solution, qu’est-ce qu’on en fait ? À quel niveau en sommes-nous ? Est-ce qu’elle est intégrée ? Qu’est-ce qu’on fait pour la promouvoir ? Parce qu’il faut le savoir, c’est elle seule, le système de production qui va nous assurer une certaine durabilité. À ce niveau, les journalistes et les hommes des médias doivent s’impliquer pour une large et efficace sensibilisation non seulement de l’opinion publique, mais également des décideurs au sommet de l’État.
Ce que ça fait… Ça fait !
