Que ce soit le Djansang, le Karité,le Moabi, le Neem, l’Okok, l’Ekuk, le Mbongo, le Raphia, les Feuilles de Maranthacées et tous les autres,, l’expression PFNL désigne ces richesses encore mal exploitées de nos forêts en dehors du bois en grumes . Elles ont été mises en valeur en la faveur d’un forum de 2 jours, du 25 au 26 avril 2024 au Centre International d’Artisanat de Yaoundé sous le thème ” PFNL et développement durable des communautés”. Une initiative de NOÉ , une OSC et ses partenaires notamment, la GIZ , le MINFOF, la CAPEF pour ne citer que ceux là.
Sommaire
C’est triste de le relever mais au moment où les débats se cristalisent sur la fin des exportations du bois en grumes dans le bassin du congo d’ici à janvier 2028 , et les experts l’ont repeté durant ce forum, nos forêts sont riches d’une diversité de produits susceptibles de générer des revenus pour les populations en général et la gente féminine en particulier, mais paradoxalement encore peu ou mal exploitées par les communautés dans les zones rurales. Des produits qui peuvent être consommés de façon brute ou transformés industriellement. De potentielles sources de revenus qui pourissent dans la nature alors qu’elles pourraient améliorer significativement les conditions de vie des communautés dans les villages. À condition , cependant, pour les décideurs d’organiser les filières et d’améliorer les connaissances des différents acteurs de la chaine d’exploitation sur le terrain.
Pourtant, le législateur a mis en place depuis 2012, au Cameroun un plan de développement de ces PFNL qui a été revisé en 2017 mais qui n’est malheuresement pas vulgarisé.
C’est le constat qui résulte des deux jours de travaux du premier forum sur les PFNL tenu la semaine dernière à Yaoundé. Il était question pour les organisateurs de faire mieux connaître au grand public le potentiel économique de ces especes végétales au d’une part et de permettre aux communautés de faire la promo-vulgarisation de leurs produits au travers des 14 exposants retenus pour cet évènement d’autre part.
Parmi les enseignements à retenir de ces échanges qui portaient particulièrement sur les PFNL végétaux, leur catégotisation qui devrait mieux orienter les opérateurs avant le démarrage de lleurs activités d’exploitation et l’établissement des documents administratifs y relatifs. Maxwell Ndju’u Mfula de la Chambre d’Agricultures, des Pêches, de l’Elevage et des Forêts du Cameroun (CAPEF) a ainsi expliqué qu’ils sont classés en deux grandes catégories à sovoir ceux qui sont menacés de disparition et ceux qui ne le sont pas. Ainsi, la Catégorie A regroupe les produits forestiers ménacés à l’instar du Yohimbé, du voacanga, de l’ébène ou encore du pygeum. Dans ce même panier, on retrouve la Catégorie B avec les produits forestiers moyennement ménacés tels que l’Okok(eru), le Rotin etc. Dans l’autre grand groupe, la Catégorie C rassemble les produits forestiers non ménacés de disparition à l’instar de la Mangue sauvage( ndo’o), le Moabi, le Njansang, le Bitter cola, l’Olom, le Mbongo, l’Ekuk, les Noisettes, le Ginseng, l’Essok, le Karité, le Neem, le Fruit Noir, le Bambou , le Raphia, le Miel et bien d’autres.

Autre information à préciser à l’attention du grand public, bien que les PFNL se ramassent librement dans la nature, leur commercialisation au Cameroun est encadrée par des lois que les communautés à la base doivent respecter pour éviter des saisies des agents des controles forestiers. À ce sujet, Le Colonel Mezogue Ntoune Flore Dany epse Kombang, Chef Service de la Certification à la Sous-Direction des Produits Non Ligneux au Ministère de la Forêt et de la Faune (MINFOF) dans son intervention durant l’exposé inaugural a convoqué les décisions 0209, 0210 et 0212 du MINFOF pour rappeler que toute personne physique ou morale voulant se lancer dans l’exploitation des PFNL devrait se faire établir aupres des autorités, un carnet de l’agroforestier et une lettre de voiture pour le transport en fonction de la catégorie de produit choisit.
De son côté, Mme MEDOH JEMISSON, Conseillere Technique au Projet Forêt ,Environnement, Climat à la GIZ a rappelé l’urgence de mettre en place des interprofessions pour l’exploitation plus efficace de chaque produit qui constitue toute une filière économique avec les différents maillons de la chaine des valeurs.
Ainsi, nous avons à la base,
(1) les Ramasseurs : ceux qui vont en forêt pour collecter ces produits. Ils n’ont pas besoin de documents adminastratifs pour cela.
(2) Les Intermédiaires (ou encore Coxceurs) qui font dans l’achat et la revente au bas niveau. Ils ne vont pas en forêt, mais s’intègrent dans la chaine pour faire écouler les produits des Ramasseurs.Ils ne devraient pas exister mais opèrent sur le terrain au travers des documents de leurs partenaires en amont à qui ils permettent d’avoir plus facilement la matière première.
(3) Les Collecteurs: ils doivent se faire établir des documents auprès de l’administration ( autorisation de collecte, auprès du MINFOF) pour exporter leurs produits.
(4) les Transformateurs qui doivent respecter les canons administratifs pour la création d’une PME-PMI avant de lancer leurs activités
(5) Et enfin les Commeçants qui à leur niveau se doivent de se conformer à la réglémentation qui régis les activités commerciales au Cameroun.
À l’évidence, il est urgent de mieux définir et orienter les rapports entre ces différents acteurs sur la base d’un partenariat gagnant-gagnant.
À ce titre et pour plus d’éfficacité quatre grandes actions doivent être menées par les autorités et les acteurs du secteur :
(1)-implimenter un commerce équitable pour satisfaire financièrement tous les maillons de la chaïne de valeur. En effet, l’un des obstacles à l’expansion de ces filières c’est la frustration des ramasseurs à la base qui font le plus dur du travail, à savoir ramener les graines et les écorces au village, pour moins que rien, alors que les commerçants au sommet de la pyramide, se remplissent les poches.Il faut donc plus de justice sociale dans ce secteur.
(2)-Améliorer les connaissances sur ces produits , leurs cractéristiques , leurs propriétés sur le plan alimentaire, sanitaire ou cosmétique, les dérivés en terme de transformation etc..Bref, mettre la science au service du développement de ces différents filières des PFNL . Et pour cela, il est impératif de financer la recherche , developper les technologies pour une transformation et une valirisation plus efficaces
(3)- Organiser les différentes filières et professionaliser ces exploitations, pour un passage de l’informel au formel.
(4) Intensifier la communication autour de ces produits en mettant en avant le potentiel de ces filières en terme d’emplois à créer, de revenus à engranger et l’environnement à préserver .

UNE MINE D’OR POUR L’ÉPANOUISSEMENT DE LA FEMME RURALE
Ce forum aura aussi été l’occasion pour les experts de mettre en avant les opportunités pour les femmes de trouver dans l’exploitation améliorée des PFNL des AGR pour leur épanouissement . En effet, autant l’exploitation du bois en grumes dans les communautés est la chasse gardée de la gente masculine, autant, le ramassage ou la collecte des PFNL dans les villages et campagnes est en grande partie l’affaire des femmes. En effet les us et coutumes des peuples dans tout le bassin du Congo ont longtemps réservé un rôle particulier à la femme dans la gestion locale des forêts. C’est la femme qui récolte le plus souvent les produits dans la nature, pour satisfaire les besoins alimentaires mais aussi sanitaires et cosmétiques de la famille. Activités qu’elle mène de façon rudimentaire au gré des saisons et dans la limite de leurs connaissances ancestrales. Résultat, la plupart de ces femmes ne se contentent que des quelques pièces d’argent en aval du processus, dans leur rôle limité de ramasseuses, alors qu’elles peuvent en tirer plus de profits. Parmi les raisons de ce paradoxe, l’ignorance par la plupart de ces femmes des débouchés liés à la transfornation et la commercialisation au niveau secondaire et tertiaire des produits qu’on les amène à collecter, tout comme les démarches administratives pour évoluer en toute légalité dans ce secteur encore grandement en friches. Il y a donc un problème de sensibilisation , d’encadrement et de formation de ces femmes. D’ou la nécéssité pour les OSC, les ONG, les partenaires techniques et financiers mais aussi les CTD de mettre en place à grande échèlle, des programmes de dévollepement de ces différentes filières avec un accent particulier sur le ranforcement des capacités des femmes et la mise en place des interprofessions susceptibles d’impacter positivement le développement des zones rurales. Les Communes peuvent organiser sur le plan local des campagnes de sensibilisation ou encore des marchés périodiques pour permettre aux femmes d’améliorer leurs revenus financiers.

L’EXPLOITATION DES PFNL , UN ATOUT MAJEUR DANS LA LUTTE CONTRE LA DÉFORESTATION
Autre effet qui découle du développement du secteur de l’exploitation de PFNL, c’est par ricochet, l’impact positif sur la lutte contre la déforestation. En conclusion, une meilleure connaissance du potentiel économique des PFNL, une grande vulgarisation de leur exploitation et surtout une amélioration des revenus financiers des exploitantes des différentes filiéres aura un impact immédiat sur la lutte contre la déforestation. Les conflits d’intérets qui vont découler des rivalités entre les différents acteurs notamment les exploitants forestiers, promoteurs de la coupe des arbres opposés aux acteurs des filières PFNL, orientés vers la protection de ces mêmes arbres ,vont entrainer une meilleure préservation de nos forêts, ou du moins, une coupe moins anarchique de ceux-ci . Si en effet les communautés à la base prennent conscience que les arbres debouts leurs procurent des revenus de façon péreine, elles vont automatiquement se mobiliser davantage pour leur préservation.

REACTIONS :
CÉLINE-CHANTAL ZAMBOU – Phytotérapeute – Cabinet AFRO KUSTA

Nous faisons dans la transformation de tout ce que notre écosystème regorge. On transforme les écorces, les racines, les feuilles, en tisanes, en gélules et en produits de santé. Notre biodiversité est telle qu’on peut avoir énormément de produits dans notre triangle national et on ne doit pas se priver de les mettre en valeur . Il s’agit de faire face aux maladies de civilisation : le diabète, la tension, l’inflamation de la prostate etc.. Donc on essaie d’apporter des solutions naturelles
. l’OMS dit dans ses documents que 80 % de la population se soigne à base de plantes et en 2020 en Inde l’OMS a inauguré le premier centre mondial de médecine naturelle . C’est pour dire que la médecine naturelle a toujours soignée les Camerounais , les Français , les Indiens les Chinois etc…..40 % des principes actifs que vous avez dans vos médicaments viennent des plantes. Donc n’ayant n’ayons pas honte de faire confiance à notre médecine traditionnelle. C’est vrai que quelque part les gens ont peur parce qu’ils ne savent pas démêler le vrai du faux. C’est pour ça qu’il faudrait organiser la filière .
CHRISTELLE GRACE AYANG – Vice PCA – MINTA COOP-CA

Nous sommes une coopérative qui fait dans les produits forestiers non ligneux précisément le Djangsang et la mangue sauvage que nous transformons. C’est un groupe de 25 personnes. Pour la collecte, nous faisons des achats .Nous allons dans les villages , nous achetons les produits et nous venons faire dans la première transformation c’est-à-dire que nous pressons juste à froid et c’est 100 % naturel . La commune nous a aide à obtenir nos papiers, donc la Mairie est membre de cette coopérative . Pour le message, je dirais que c’est pas facile .À force de forger , on devient forgeron. Nous sommes sur la bonne route . Ne nous décourageons pas par rapport au travail qu’il y a dessus .On se dit que pour les années à venir , ce sera une bonne chose. C’est le travail qui paye .
ALICE BALIMIS – Chargée des RP – AMBOL SARL

Ça c’est le miel et le beurre de karité. Ce sont les ressources qui découlent de la collaboration que nous avons avec des associations autour du Parc National de la Bénoué. Ce que j’ai à adresser comme message aux Camerounais c’est de soutenir vraiment le “made in Cameroon” parce qu’on aura beau dire , le Cameroun a du potentiel au niveau des Produits Forestiers Non Ligneux. C’est vrai que nous ne sommes pas encore très développés au niveau de l’industrialisation ou de la commercialisation mais je peux rassurer aux Camerounais que ça, ce sont de bons produits ; c’est du bio par rapport même à ce qu’on achète et qui est importé.
ASTRIDE DOUANLA – Presidente – GIC T.A.A.A.C

Ici nous faisons dans la transformation du cacao en poudre de cacao par exemple lactée uniquement aux dates , sans sucre également nous produisons de la poudre de cacao au gingembre et du beurre de cacao .Pour l’instant , nous le faisons encore de façon artisanale . Nous avons des soucis au niveau de la transformation déjà parce que la main d’oeuvre n’est pas qualifiée et ensuite, nous n’avons pas encore le matériel adéquat pour cette transformation . Elle est encore vraiment primaire .Le seul message que j’ai c’est de nous encourager , nous , camerounais à consommer nos propres produits. C’est ça qui va nous permettre d’évoluer ensemble. C’est naturel et c’est bon.


Ce que ça fait….ça fait !